Contribution

Du recul au déclin du PCF, en débat

Séquence 1

C’est en lisant l’interview de Léon Deffontaines paru dans l’édition du 30 août du Travailleur catalan, l’hebdomadaire communiste des Pyrénées-orientales, que j’ai compris pourquoi j’avais été chiffonné à la lecture des reportages sur l’université d’été du PCF parus les 24 et 25 août sur le site de L’Humanité. Il y était question, entre autres, de l’analyse de la séquence électorale des européennes et des législatives anticipées. Léon Deffontaines, chargé de l’exposer à l’auditoire, aurait déclaré que :   « nous (les communistes. NDLR))  ne sommes pas parvenus à aller chercher de nouveaux électeurs dans les classes populaires ». Il aurait  alors appelé à un « grand débat » pour « réorganiser notre parti afin que de tels échecs ne se reproduisent plus ». Le journaliste, dubitatif, avait fait ce commentaire :  « S’il n’évacue pas la question de la « ligne politique », il met surtout l’accent sur l’organisation du PCF lui-même, des liens entre ses instances nationales et ses fédérations ».

Le dirigeant communiste avait-il suggéré que si Fabien Roussel, aux présidentielles, et lui même, aux européennes, n’avaient pas obtenu les résultats attendus, c’était en raison des défaillances de l’organisation de leur parti ?

            L’explication était à ce point piteuse que j’avais mis cela au compte de l’incompréhension du journaliste de L’Humanité. Mais après la lecture de l’interview de Deffontaines paru dans le TC, j’ai du me rendre à l’évidence, il n’y avait pas d’équivoque. Je cite ses propos : « Je sors justement d’un atelier sur les bilans des élections du Parti. Et là où tout le monde s’attendait à ce qu’on fasse un bilan sur tel discours qui n’a pas été, le bilan a en grande partie porté sur les défaillances en termes d’organisation. Comment on permet d’avoir une organisation structurée sur tout le territoire, une forme d’homogénéité, en tout cas sur les gestes d’organisation. Comment on permet justement d’avoir un parti qui est capable d’avoir le meilleur discours, d’avoir le même tract et les mêmes discours auprès de toute la population ! C’est ce débat qu’on a eu lors de cet atelier. C’est le débat qu’on a depuis le début de cette université d’été, et je dirais qu’en fait on a des universités assez inédites cette année. Je pense que c’est un bon levier pour déjà réfléchir à la manière dont on doit s’organiser pour aller chercher les classes populaires, tous les travailleurs, tous les ouvriers et les faire adhérer au parti. »

Séquence 2

            Mon post précédent publié sur ma page Facebook, a suscité de nombreuses réactions, le plus souvent épidermiques, qui montrent, une nouvelle fois, combien le débat est difficile.

Il est vrai que j’avais écrit un texte court qui n’explicite pas les tenants et aboutissants, de ce qu’il faut penser du point de vue de Léon Deffontaines, vraisemblablement représentatif de celui de l’exécutif du PCF, selon lequel, il faudrait, suite aux échecs des deux dernières élections,  « réorganiser notre parti afin que de tels échecs ne se reproduisent plus ». En d’autres termes, ces échecs s’expliqueraient par les défaillances de l’organisation du PCF.  

La question, qu’en quelque sorte je posais abruptement était : l’analyse de l’exécutif du PCF, est-elle pertinente ? J’ai répondu par la négative. Et, effectivement, elle me paraît si aberrante, en tant qu’elle est émise par les plus hauts responsables du PCF, que je l’ai taxée de « piètre » et de piteuse ».

            Selon moi, pour fonder une explication qui peu susciter un débat utile, il faut, au préalable, examiner l’évolution de l’influence électorale du PCF sur le temps long. Jusqu’en 1960, son score électoral se situe  autour de 25%. Les premiers indices de son recul remontent à 1965 et se précisent avec Mai 68. Dans la période qui suit, son score reste toutefois au dessus de la barre des 20%. De sorte que le courant révolutionnaire qu’il incarne prévaut  toujours sur le courant réformiste représenté par le PS, sans pour autant le dominer comme dans la période antérieure. . Aux élections législatives de mars 73, soit après la signature du Programme commun, il fait plus de 21% contre 19% pour le PS. A partir de 74, le recul s’amorce. L’influence électorale des deux courants s’inverse, et va aller se renforçant. L’explication qu’en ont donné les directions successives du PCF, singulièrement pendant la période Marchais (72-94), portait, d’abord sur les défaillances de l’organisation, et aussi sur l’incidence des contestations internes.

A partir de 80, ce n’est plus de recul dont il s’agit, mais de l’amorce du déclin (aux élections présidentielles de mai 81, G. Marchais ne recueille que 15,4% contre 25,9% pour F. Mitterrand). A partir de ce moment, la régression se poursuit et la barre des 10% est de plus en plus  difficilement franchie. Puis très vite elle chute pour s’approcher des 2%.

            Sous les directions de  Robert Hue, puis Marie-George Buffet en ensuite Pierre Laurent, l’analyse de ce recul suivi du déclin ont été tentées mis ont lamentablement échoué. Et, ce n’est pas sous la direction de Fabien Roussel, qu’il faut espérer que s’engage une réflexion approfondie. Au contraire, le déni, l’occultation et la diversion l’ont emporté. Tout indique que le déclin va empirer et conduire au dépérissement du PCF.

Marteau et faucille

4 réponses

  1. Avatar de millereux
    millereux

    il faut se garder de juger les hommes à défaut du quel on porte un jugement de valeur sur l’attitude ou la manière et non l’analyse des situations leurs évolutions au regard du développement des forces du capital de la crise permanente dont il se nourrit .Or si je vous suis pour ce qui est des hommes notre ancien secrétaire est l’exemple type de cooptation d’une époque révolue il a passé les carreaux de verre sans que personne s’en aperçoive on ne peut le critiquer il a exécuté ce qu’on lui a dit de faire …mais contre l’indépendance du journal qu’il dirigeait (l’huma n’est plus l’organe ,la voix du comité central) sans mandat ni d’élu ni de quoi que cela soit il se retrouve parachuté comme ses frères investit d’une charge qui l’a dépassé je veux dire; au passé de son père .Alors lâchez Roussel oubliez Marie Georges à 1,96% hue à 3,37%…etc…Savez vous au moins que près de 6millions d’ouvriers d’employés refusent de voter par dépit lepen .Cette catégorie socio professionnelle ne votent plus pour nous et ce depuis plus de 20 ans c’est ceux là que Roussel veut faire voter; notre électorat qui nous a abandonné …depuis l’époque en sanctionnant Gayssot et toute la troupe qui auraient du à l’experience de 1981 ne pas rééditer de se brûler rester dans une majorité à l’assemblée sans aller au gouvernement on aurait couper l’herbe à la créature qui a mis en selle lepen pour une assemblée tripartite (comme ce que fait et continue Macron) j’ai nommé Mitterrand. Par mépris on dit les ouvriers votent lepen c’est entièrement faux. Des categories sociaux pro ce sont les artisans, commerçants petits patrons et maintenant les agriculteurs et les grands patrons qui en proportion dans ces catégories votent le plus extrêmes droite…et les ouvriers employés plus souvent par colère dépit que idéologie voilà simplement dite les choses qui aurait voter pour le programme commun en 1971 avec les socialistes personnes au parti l’histoire faut l’analyser sur le temps long et non avec le ressentiment ou les tripes on règle souvent des comptes avec soi même son insatisfaction ou son manque de vision à 74 ans j’ai connu des purs et durs et d’autres opportunistes qui par exemple on porté les sacoches aux candidats hollande toute la campagne croyant obtenir un maroquin hélas le pauvre Robert a été abusé. On ne peut faire le clown partout surtout avec les socialistes… ils en regorgent regardez Merluchon et ses groupies très jeunes de préférence la même strate sociologique que les révolutionnaires de 68; bac+++ sans compter les nigauds qui écoutent le tribunicien joueur de flûte et de pipeau lui on l’a adoubé c’est notre créature en 2011 le comité central a voté pour sa candidature qui été notre secrétaire? j’ai oublié bonne soirée ai je été désagréable? l’humour aide à passer les messages

  2. Avatar de bernard schneider
    bernard schneider

    Je suis partisan de demander un congrès extraordinaire pour tirer la leçon des échecs successifs récents: présidentielles, européennes, législatives, avec l’implication du secrétaire général qui met toujours ses échecs sur les autres alors que ses déclarations à porte-pièces et ses blagues à deux balles, prisées par nos adversaires, ne convainquent par contre pas les électeurs. Un congrès fondateur occasionnerait une scission, alors que déja nombre de communistes de coeur se retrouven dans les “insoumis communistes”, dans d’autres tendances et beaucoup en dehors du Parti , l’ayant quitté sur la pointe des pieds ou ayant été astucieusement écartés ou plus encore pour voter RN .Cela créerait une sitation à l’italienne dont on voit ce qu’elle a donné dans ce pays. Pourquoi ne parlons nous pas à toute cette population? des sections ont été supprimées pour n,en faire qu’une seule, pour coller aux circonscriptions électives et favoriser très souvent le PS; on a supprimé les cellules ou sections d’entreprise participant à des déserts dans le monde ouvrier. Pourquoi? le résultat, c’est que le Parti était dominant quand il était composé de militants issus de l’entreprise dans différents niveaux de la hiérarchie du parti, y compris dans les organes de direction. Ont sont ces militants maintenant? Peut-être convient-il d’y réfléchir plutot que de continuer à recevoir des félicitations de la drote, de la macronie et d’être les chouchous des CNews et autres BFM.Quant les adversaires du communisme disent du communisme disent du bien de ces communistes censés en être le parti, c’est, comme disait l’autre, qu’il y a un loup! Donc , quand l’adversaire de classe nous adresse des louanges, je me pose logiquement des questions

  3. Avatar de hillel
    hillel

    J’émets les plus grandes réserves sur cet avis : “Le PCF a perdu ses grands intellectuels” De quels grands intellectuels s’agit-il?

  4. Avatar de cukierman
    cukierman

    Oui la direction voire nombre de militants du PCF imputent les échecs à la seule question organisationnelle. Je l’ai souvent constaté. Et encore récemment dès le lendemain des européennes..
    Pour des raisons organisationnelles, en l’occurence financières, les critiques argumentées par de nombreux intellectuels, y compris communistes, dès les années 60, portant sur le “socialisme” appliqué à l’est n’ont pas fait débat au sein du PCF.
    L’évolution décrite ici montre effectivement l’absence d’analyse en profondeur de ce déclin. En témoignent la surprise, au sein du PCF, créée par l’ampleur de Mai 68 et sa peur de se voir “débordé”.
    Alors que ces critiques auraient peut-être permis d’approfondir un travail théorique contradictoire alors que s’était fossilisée une lecture sommaire et binaire de Marx sous couvert d’orthodoxie.
    Malgré le 22 è congrès intitulé “Union du peuple de France” qui avait tenté d’entreprendre (tardivement il est vrai) l’analyse des transformations sociologiques liées aux évolutions en cours du capitalisme est restée sans lendemain…trop tard sans doute…
    Ainsi un certain nombre de questions n’ont pas été mises en débat chez les militants donc n’ont pas permis la bataille idéologique corollaire indispensable à une voie démocratique révolutionnaire. Et parmi ces questions, celles qui causent les impasses d’aujourd’hui: l’autogestion, le productivisme, le colonialisme et les pseudo-décolonisations, l’immigration, la propriété, le féminisme…pour exemples parmi d’autres.
    Le PCF a perdu ses grands intellectuels, tous les travailleurs “manuels et intellectuels” en passe de prolétarisation (c’est à dire en passe de perdre le sens de leur travail et d’en être dépossédés), tous ceux dont le travail a permis au capital d’investir sur les industries culturelles, sur lesquels s’est fondé un capitalisme culturel et une globalisation économique et financière ( vocable plus juste que celui de “mondialisation”).
    En se concentrant exclusivement sur le travail en usine, en voie de délocalisations vers des exploités plus vulnérables, il a laissé la voie à de nouvelles formes d’exploitation : autonomisation-atomisation en France et à l’échelle mondiale.
    Les malgaches qualifiés travaillent pour les grandes entreprises du numériques pour des tarifs dérisoires…
    Si le dépérissementdu PCF empire et que sa mort est avérée, la question est “quelle force politique radicale révolutionnaire” faut-il reconstruire?
    Et surtout comment y oeuvrer dès maintenant?
    Avec ou sans ce qu’il reste des forces militantes?
    C’est à dire, en partie nous…
    Par attachement affectif, je n’arrive pas à me résoudre à laisser la barre à Roussel and Co…
    Les sentiments, ça nous anime un peu aussi, non?

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