Dimanche dernier, 16 février, j’avais prévu, mais finalement j’ai eu un contretemps, de revoir le célèbre film de Costa Gavras Z, sur l’assassinat par les fascistes grecs du député Lambrakis en 1963. Cela se passait dans les locaux de l’association des travailleurs immigrés de Turquie, l’ACTIT, à deux pas de chez moi, au cœur de la « petite Istambul » dans le 10e arrondissement parisien.
La projection était à l’initiative de Young Struggle, une organisation de jeunesse antifasciste de la diaspora kurde et turque.
Une vingtaine de militants d’extrême droite ont déboulé, habillés de noir, casqués et munis de bâtons, tessons de bouteille et d’au moins un couteau. Ils ont laissé derrière eux des stickers : « KOP veille », référence au KOP de Boulogne, un groupe dissous de hooligans parisiens d’extrême droite, supporters du PSG. Ainsi que des tracts du GUD. Plusieurs participants ont subi des blessures. Deux durent être hospitalisés, dont un militant de la CGT gravement touché d’un coup de couteau. Six des assaillants ont pu être arrêtés.
Surnommé aussi le « Petit Kurdistan », ce quartier, mon quartier n’en est pas à sa première agression. En 2013, trois militantes kurdes furent assassinées par un individu manifestement manipulé par les services turcs, et en 2022 trois autres militants furent tués devant le CDK-F, conseil démocratique kurde en France, à quelques centaines de mètres de là.
Le lendemain une importante manifestation devant la Gare de l’Est devait rassembler plus de mille personnes, à l’appel de l’ACTIT, du PCF, de LFI, de la CGT et de SOS-Racisme entre autres. « Pour faire bloc, face au péril brun ». Et ce mardi 18 février, le ministre de l’intérieur, interpellé à l’Assemblée par Pouria Amirshahi, député de la circonscription, a fini par condamner, sans distinction, « le fascisme, le nazisme, l’extrême droite, et l’ultra gauche »… On croit rêver !
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