Le principe est toujours le même. Profitant de l’aimable main tendue d’un média propriété de l’oligarchie libérale et réactionnaire (hier ce fût « L’Opinion » qui appartient à Nicolas Beytout, Bernard Arnault, Rupper Murdoch et la famille Bettencourt), le disruptif Fabien Roussel profite d’une interview pour planter un couteau dans le dos des plus démunis.
Précisons d’abord (car on objectera comme toujours que “les propos sont sortis de leur contexte”) que la manchette citant hier dans L’Opinion les mots de Fabien Roussel (« Je veux supprimer le RSA ») ne trahit en rien le propos rapporté dans l’article dans lequel le secrétaire national reprend par exemple à son compte d’incertaines catégories sociologiques popularisées dans les diners de la petite bourgeoisie ou sur Cnews, les « cassos » contre les « travailleurs ». Il se fait courageusement l’écho des inquiétudes de ces derniers face à l’insupportable bénéfice d’une allocation de 635 euros des premiers : « Sinon, dit-il, « vous aurez des gens qui viendront vous voir en disant : pourquoi je me crève la paillasse à bosser pendant que mon voisin qui touche le RSA vit aussi bien que moi ? »
A la lecture de l’article on comprend d’ailleurs que cette nouvelle saillie de Roussel est une « habile » séquence de son plan de com’ pour promouvoir son futur bouquin.
Ce n’est bien sûr pas la première fois que le secrétaire national du PCF fait sien le vieux discours sur l’assistanat. Ces dernières années, ce n’est pas la première fois non plus qu’il reprend de vieilles lunes de la droite : validant les OQTF, alignant le PCF sur l’orientation réactionnaire du Printemps républicain, facilitant le travail de démolition du NFP par sa gauche, vaticinant autour de la valeur travail, reculant sur la Palestine et contraignant le plus souvent les militant·es communistes à ramer à contre courant.
Récemment lors de la conférence de décembre du PCF, des voix ont pourtant exprimé avec une clarté inhabituelle dans les expressions publiques des communistes, une profonde colère et l’exigence d’un changement de cap. Hélas, à la tête du PCF, l’improvisation la plus irresponsable continue en ce début d’année. Après avoir récemment confié à la presse qu’il n’aurait « pas voté la censure » contre le gouvernement Bayrou, contrairement à ce qu’on fait les députés communistes, il cogne à nouveau sur « les assistés ».
Ces nouveaux propos de Fabien Roussel propos sont source de honte pour les communistes.
D’abord parce qu’il laisse entendre que les phénomènes de paupérisation trouveraient peu ou prou leur source dans un assistanat pourtant inexistant. Il fait ainsi un beau cadeau aux adversaires des classes populaires en validant leurs arguments. Pire, il le fait au beau milieu de la bataille menée en ce moment même pour ôter aux familles et aux travailleurs modestes, le peu de droits dont ils disposent. Cela relève de la trahison.
Enfin, cet acharnement à reprendre les discours droitiers pour renouer avec les classes populaires trahit une analyse profondément erronée de ces celles-ci et tout à fait inefficace pour faire reculer l’extrême droite. Battu dans sa circonscription en juillet dernier dès le premier tour, malgré ces efforts et ces gesticulations, Fabien Roussel est lui-même victime de ce calcul frelaté.
Comme le précisait Marx, l’histoire se répète deux fois, « la première fois comme une tragédie, la seconde fois comme une farce ». Après un siècle d’histoire tragique, tissée d’ombres et de lumières, nous refusons de penser que le destin du PCF serait de sombrer dans le ridicule et l’insignifiance d’une telle farce.
Plutôt que jeter les allocataires du RSA en pâture, les communistes doivent exiger la revalorisation immédiate de tous les minimas sociaux et partager leurs propositions pour sortir enfin du marché du travail capitaliste.
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