Déclarations

Propos de Roussel sur les discriminations et le racisme : pas au nom des communistes !

Les propos tenus par Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, sur le plateau de CNews, évoquant le “racisme anti-blanc”, marquent une dérive politique grave et inacceptable. Cette notion, forgée et popularisée par l’extrême droite, inverse les rapports de domination et banalise les vrais mécanismes du racisme. Elle laisse croire que toutes les formes de “discrimination” se valent, alors que le racisme structurel repose sur l’histoire coloniale, l’exploitation économique, et l’assignation à l’altérité.

Faut-il le rappeler : il n’existe aucune politique publique, aucun mécanisme institutionnel, aucune discrimination systémique à l’encontre des personnes blanches en France. Il n’existe pas de contrôle au faciès anti-blanc, pas d’interdiction de logement, d’emploi, ou d’accès aux droits fondée sur une blanchité supposée. En parler, c’est détourner le regard des vrais enjeux et légitimer un récit d’extrême droite qui accuse les dominé·es d’être les fauteurs de haine.

Ce glissement idéologique est d’autant plus choquant qu’il intervient sur CNews, chaîne dirigée par Vincent Bolloré, devenue le principal instrument médiatique de la normalisation des thèses racistes, autoritaires et réactionnaires. On ne “fait pas passer nos idées” sur un plateau conçu pour les étouffer. On s’y compromet, et on alimente l’ennemi.

Nous n’oublions pas ce que fut le Parti communiste français : aux côtés des immigré·es, des colonisé·es, des travailleurs sans droits ; dans les grèves d’OS, les luttes anticoloniales, les mobilisations contre les crimes policiers. Reprendre à son compte les termes de l’ennemi, c’est trahir cette histoire.

À cela s’ajoute une autre prise de position très discutable : le soutien affiché de Fabien Roussel à l’interdiction des signes religieux et politiques dans le sport. Ce dispositif ne vise pas une neutralité républicaine, mais une stigmatisation ciblée, notamment des femmes musulmanes. Cette conception policière de la laïcité, réduite à un outil d’exclusion, est une défaite idéologique pour la gauche. Elle trahit l’ambition émancipatrice de la loi de 1905, qui visait à protéger la liberté de conscience face à l’emprise de l’État et des Églises, non à discipliner les corps et les habits des opprimé·es.

Alternative communiste réaffirme son attachement à une laïcité populaire, égalitaire, antiraciste et anticolonialiste. Nous ne voulons pas d’une gauche qui calque ses discours sur ceux de la droite sécuritaire, qui valide les croisades identitaires des réactionnaires, qui accepte le cadre imposé par les Bolloré et les Zemmour.

Face à la banalisation des idées racistes, à la montée de l’autoritarisme, à la criminalisation des luttes sociales et antiracistes, nous avons besoin d’une gauche qui rompe avec les postures virilistes et les compromissions médiatiques. Une gauche fidèle à sa base populaire, aux sans-voix, aux dominé·es. Une gauche qui combat l’ordre établi, et ne cherche pas à s’en faire accepter.

Nous appelons tou·tes les militant·es, communistes, syndicalistes, associatif·ves, à refuser ces dérives et à reconstruire un front offensif, solidaire, révolutionnaire.

2 réflexions au sujet de “Propos de Roussel sur les discriminations et le racisme : pas au nom des communistes !”

  1. Le racisme est un caractère du Système-monde, le produit de son asymétrie entre les centres et les périphéries. Il est le fruit de la domination coloniale qui dure depuis plusieurs siècles et se réfléchit au centre à l’encontre de la population issue autrefois des colonies et d’emblée assimilées à des “races” inférieures. Rien à voir avec les sentiments hostiles qui se tournent parfois vers les supposés “blancs”, qui n’ont jamais eu à subir un tel “régime”, avec ses conséquences immédiates, dont les difficultés d’accès au travail ou au logement. Pour être communiste, il ne suffit pas d’être “de gauche”, ou d’extrême gauche. Il faut se tourner contre son propre impérialisme. Le Parti Communiste Français a glorieusement assumé cette tâche, depuis son origine jusqu’au temps de la guerre d’Algérie, longtemps seul contre tous, et toujours à l’encontre de l’opinion publique. À moi, qui n’en suis plus membre depuis 1983, mais qui ne l’ai pas oublié, il me semble que Fabien Roussel, quels que soient ses mérites par ailleurs, n’est pas digne d’en être le dirigeant

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  2. Totalement d’accord avec l’analyse et la position d’AC. Heureusement qu’il existe des communistes qui ne renoncent pas face aux assauts de l’obscurantisme.

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