J’attends d’un dirigeant communiste qu’il porte, dans les médias, des idées de nature à ouvrir une alternative sociale, écologique, UNITAIRE, à faire progresser la conscience de classe, l’unité des exploités et des dominés (ou) des opprimés.
Aussi je ne peux m’habituer aux propos parfois ambivalents de Fabien ROUSSEL alimentant, ainsi, la pensée confusionniste sur les thèmes de prédilection de l’extrême droite comme la validation du racisme anti blanc ou le dévoiement de la laicité à des fins discriminatoires lors d’une interview à CNEWS, le 25 mars dernier.
Malgré la position du responsable à la lutte contre le racisme au PCF qui a banni l’usage du terme « racisme anti blanc » venu de l’extrême droite, malgré la critique de nombreux communistes, je constate que des militants continuent de soutenir Fabien ROUSSEL et l’utilisation de ce concept.
C’est la preuve que lorsque les mots sont dévoyés de leur sens par un dirigeant, la confusion qu’ils génèrent prend corps et profite à nos adversaires. On a pu constater le même phénomène chez les insoumis à propos d’une certaine affiche qui n’avait vraiment pas sa place dans cette organisation.
C’est la preuve qu’à gauche, il y a besoin d’un travail d’introspection et d’analyse qui permettent aux forces progressistes d’appréhender le niveau auquel il faut porter le combat contre le racisme sous toutes ses formes, contre la xénophobie, l’antisémitisme et l’islamophobie dans un contexte de forte instrumentalisation de ces questions par l’extrême droite.
Racisme anti-blanc
Le racisme anti blanc n’existe pas pour les sciences sociales. Des formes d’insultes ou de haines contre les « blancs » inacceptables et condamnables peuvent exister mais elles restent contextuelles et réactives sans dimension structurelle.
Assimiler ces comportements à du racisme c’est nier l’expérience ordinaire de celles et ceux qui sont assimilé-e-s à un groupe essentialisé, méprisé, discriminé, exposé à de la violence verbale ou physique, aux stratégies d’évitement, sans compter le complexe d’infériorité que le racisme peut susciter. c’est dénaturer le sens analytique du RACISME en tant qu’oppression au même titre que le sexisme. Il ne s’agit pas d’une relation d’hostilité qu’on appelle la xénophobie.
Le racisme est bien un système de pensée qui hiérarchise, catégorise, essentialise des races imaginaires.
La France a eu des lois racistes pendant 250 ans, le Code noir et le code de l’indigénat. La théorisation des races biologiques est venue légitimer un système économique de domination et d’exploitation de plusieurs siècles, elle a jeté les bases de l’idée durable de la supériorité « blanche » .
Pour autant la lutte contre le racisme n’est pas un affrontement entre des personnes de couleurs ou cultures ou de religions différentes mais la mise en cause d’un système de pensée, d’un rapport de domination « majoritaires-minoritaires ».
Au-delà du « privilège » individuel que peut produire cette logique pour les non discriminés, le racisme tire finalement tout le monde vers le bas car il y aura toujours plus vulnérable, l’exploitation des travailleurs conduisant à la mise en concurrence généralisée, y compris entre travailleurs racisés.
Le racisme est bien un système d’oppression articulé à l’exploitation capitaliste, c’est bien pour cela qu’il n’est pas juste d’opposer ceux qui privilégieraient le combat anti raciste sous l’angle de la classe et ceux qui mèneraient ce combat en expliquant tout par la « race » d’autant que c’est le racisme qui fait exister la « race » au quotidien en rappelant constamment aux personnes racisées leur place dans la hiérarchie sociale.
La vision matérialiste de LA « RACE » comme construction sociale vise à déconstruire l’inégalité raciale pour la combattre alors que l’obsession identitaire de l’extrême droite hiérarchise, essentialise et théorise l’affrontement DES RACES sous l’angle culturel, civilisationnel, ethnique, religieux pour perpétuer des rapports de domination.
Le racisme doit être combattu dans toutes ses dimensions qu’il soit systémique, institutionnel ou idéologique, qu’il soit ordinaire, individuel, sachant qu’il peut s’exprimer sans forcément faire référence à la race et sans être toujours intentionnel.
Interdiction du port du voile dans le sport
A propos de la proposition de loi LR actuellement débattue, Fabien ROUSSEL s’est prononcé pour l’interdiction du voile dans le sport, prenant appui sur la charte olympique : ni manifestation religieuse ni manifestation politique en prenant exemple sur la nécessité d’interdire les saluts nazis dans les stades pour justifier l’interdiction du voile aux jeunes femmes musulmanes.
Il est choquant de faire un parallèle entre des jeunes femmes qui portent le foulard et le salut nazi d’autant qu’il est déjà interdit par le Code du Sport. Le PCF s’est honoré, par le passé, à soutenir des gestes politiques dans les compétitions sportives. On a en mémoire les sprinters américains bannis à vie de leur équipe pour avoir levé le poing au ciel pendant leur hymne national pour protester contre le racisme aux Etats Unis en 1968.
De plus, l’application de la charte olympique par le CIO, aux JO de Paris, a montré que les sportives voilées ont pu participer aux épreuves. D’ailleurs, en solidarité avec les sportives françaises, Ifan HASSAN a porté son hidjab lorsqu’elle a reçu la médaille d’or du marathon en août dernier.
Cette proposition de loi aggraverait une exception française remarquée, lors des Jeux olympiques et paralympiques, puisque la France a été le seul pays à interdire le port du voile à ses athlètes.
Le CIO ne fixe pas de règles spécifiques sur le port de signes religieux. Il interdit plutôt le prosélytisme. La LDH et Amnesty International (2 associations qui soutiennent la lutte des femmes iraniennes contre le port du voile obligatoire et le pouvoir iranien autoritaire et théocratique) considèrent cette proposition d’interdiction discriminatoire et attentatoire à la liberté religieuse et la liberté vestimentaire, et attentatoire au droit international.
Fabien ROUSSEL en participant, une fois de plus, au dévoiement de la laicité, engage le PCF dans une voie qui n’a jamais été celle de ce parti. Il participe à l’offensive islamophobe en donnant du crédit à une laicité excluante qui n’est pas celle définie par la loi de 1905, et alors que les sportives ne sont pas soumises au devoir de neutralité.
Faire le pari de l’émancipation par le respect des libertés en lieu et place des interdits honorerait le PCF plutôt que de s’aligner sur l’offensive des forces réactionnaires et conservatrices
Fabienne HALOUI
Conseillère municipale PCF à ORANGE
Co-Animatrice de la lutte contre le racisme au PCF jusqu’en 2018
Membre de l’Atelier anti raciste – Alternative Communiste
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