Le climat politique n’est pas terrible et ce n’est pas seulement à cause de l’hiver. Nos am·es, les militant·es autour de nous expriment souvent de la lassitude, de l’angoisse, voire de la sidération devant tant de faits inquiétants à l’international et devant une gauche qui se déchire quand la droite et l’extrême droite sont à l’offensive politique en France. Beaucoup ferment leurs écoutilles et se découragent dans un tel contexte.
“Le pessimisme de la raison ne doit pas étreindre l’optimisme de la volonté“, et j’aime à penser que nous ne sommes pas à l’abri d’une bonne surprise. Car à coté, et des fois en même temps que le découragement, on a envie d’y croire, envie de faire bouger l’ordre existant, envie d’être utile. C’est maintenant que se joue notre utilité de communistes.
Dans ce contexte ressenti à juste raison comme négatif, il coexiste une énergie transformatrice portée par des mouvement sociaux variés: féministes, écologistes, antiracistes, sociale qui, en conscience ou non, témoignent d’une volonté de rupture avec un système capitaliste destructeur. Le sociologue Vincent Tiberj, dans son ouvrage “la droitisation française, mythe et réalité“, démontre que si le récit dominant porté par les acteurs du débat public est dangereusement réactionnaire, ” il n’y a pas de “droitisation par en bas“. “Sur les demandes de redistribution, il n’y a pas eu de conversion générale au libéralisme économique, et depuis 2016, ces demandes remontent. Surtout, il est difficile de considérer que la polarisation autour de ces enjeux et valeurs s’est atténuée : les ouvriers, et dans une moindre mesure les employés, demandent de la protection tandis que les indépendants et les cadres y sont opposés. C’était vrai dans les années 1980, cela l’est toujours dans la décennie 2020“.
La redistribution n’est pas du communisme, mais la remise en cause du monde “comme il va” constitue un espace qui devrait nous permettre d’agir. La conscience qu’un capitalisme vert est une chimère peut aussi se construire à partir du refus d’un productivisme destructeurs du vivant.
Devant la perte de sens au travail, voire ce qu’il se joue dans l’illusion de l’auto-entreprenariat, il y a de l’espace pour faire réfléchir et agir, sur les modes et rapports de production, sur l’intérêt de ce que l’on produit, la définition de nos besoins, le rapport au consumérisme et nos recherches de bonheur en faisant société.
Ce n’est pas pour rien que l’on trouve dans une partie de la jeunesse de l’intérêt sur ce que nous appelons ce communisme déjà là et la proposition d’une sécurité sociale alimentaire.
Les Bernard (Vasseur et Friot) dans leur ouvrage “le communisme qui vient“, notent que «le changement de régime politique n’est pas à ses yeux (Marx) la condition de la révolution, mais bien plutôt son résultat ou sa conclusion. On dira même que la révolution politique devient possible seulement lorsque les exigences de changement dans le mode de production sont arrivées à maturité“. Ils développent plusieurs exemples de contestation des logiques capitalistes plus ou moins fortement comme les logiciel libres, les mouvement d’agricultures biologiques non productivistes, la remise en cause de la propriété lucrative des terres à cultiver, les ZAD, les mégabassines, toutes les luttes contre les dominations, notamment les luttes féministes, antiracistes, décoloniales, etc.. Ils avancent l’idée que “Sortir de sa marge toute cette effervescence de propriété sociale est certainement un des chemins importants du communisme aujourd’hui.“
Notre rôle de militant·es d’Alternative communiste est de travailler ce lien avec celles et ceux qui font des expériences alternatives, les donner à voir et à comprendre. Travaillons à ancrer le NFP sur le terrain, à l’ aider à l’élargir, à se démocratiser et le mettre en lien avec ces expériences.
Notre combat idéologique se mène dans une période où la position dominante du capitalisme est fragilisée par son incapacité à camoufler sa violence contre le vivant. Sa violence est sa faiblesse.
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